JOURNEES RESCIF - Temps et Sciences Cognitives 20-21 octobre 2000
Laleh Ghadakpour (C.R.E.A.-Polytechnique) & Jean-Louis Dessalles (E.N.S.T.)
laleh@infres.enst.fr , dessalles@enst.fr
Résumé
" Il y a 15 milliard d’années, pendant les 5 premières picosecondes de l’univers, … "
Les représentations du temps peuvent se classer en deux groupes : les représentations avec granularité fixe et les représentations sans granularité a priori. Les premières sont rares, car elles imposent une borne intrinsèque à la précision. Les secondes incluent la quasi totalité des autres modèles : logiques temporelles à base d’instants, représentations temporelles à base d’intervalles, etc. Les représentations sans granularité sont exposées à la régression infinie imaginée par le philosophe grec Zénon d’Elée. Elles répondent à cette régression par un passage à la limite, ce qui les oblige à admettre l’instant ponctuel comme élément de représentation. Un tel problème suffit à faire perdre à ces représentations toute plausibilité cognitive. Pour la même raison, elles perdent une bonne partie de leur utilité pratique, car en requerrant une précision infinie, elles sont incapables de positionner l’événement dans la phrase placée en exergue.
Nous montrons que l’origine de la difficulté est le réalisme que toutes ces représentations adoptent face au temps. En imposant une projection fixe de la représentation sur un temps " physique ", ces modèles tombent dans le dilemme atome-régression dans lequel Zénon les enferme. Nous suggèrerons qu’une approche non-réaliste de la représentation du temps est non seulement possible, mais qu’elle permet de réaliser le type d’inférences que les êtres humains font spontanément.